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Merci au collectif RESF

mercredi 23 avril 2008

Le fait d’avoir assister à la soirée organisée le 11 avril dernier au Théâtre National de la Colline à l’occasion de la sortie du livre La chasse aux enfants me rappelle les événements qui m’ont fait me rapprocher du collectif RESF et plus tard de la Ligue des Droits de l’Homme.
Cela se passait au début de la rentrée scolaire en 2006, je m’étais lié d’amitié avec la présidente, pour le collège où mon fils était en 3ème, d’une fédération de parents d’élèves dite apolitique (dont je tairais le nom, ne voulant pas porter atteinte à l’ensemble de ses adhérents qui à n’en pas douter n’auraient pas tous souscrits aux positions citées par la suite). Celle-ci m’avait proposé de participer à une réunion dans le cadre de cette association et qui réunissait le bureau représentant les 7ème et 15ème arrondissements de Paris ainsi que des parents adhérents de ces arrondissements. Le sujet des enfants dont un parent était menacé d’expulsion est venu à l’ordre du jour. Quelle ne fut pas ma surprise en entendant de la bouche de l’ancienne présidente « De toute façon, ces gens-là rasent les murs, à quoi bon les aider, ils savent bien qu’ils sont en situation illégale ». Je réfutais tous les arguments plus honteux les uns que les autres en faisant référence à la profession de foi de l’association qui précisait bien qu’elle veillait bien à l’intérêt de TOUS les enfants scolarisés et non pas seulement de ceux qui avaient des papiers. A cela un parent d’élève me répondit : « Mais pourquoi y voyez-vous un problème ? Lorsque l’enfant a été expulsé, il n’y a alors plus de problème ». Dans les jours qui ont suivi, je me désengageais de l’association.
Plus tard encore, je me disais qu’il devait bien y avoir sans doute aussi des cas d’enfants sans-papier ou dont l’un des parents était sans-papier dans le collège de mon fils. Je demandais à cette amie si elle avait connaissance de tels cas. Et elle me jurait qu’il n’y en avait pas. Ce jour-là, je suis allé sur internet, ai découvert le site de RESF qui venait de publier, par un fait exprès, en entête des informations sur une enfant dont le père était menacé d’expulsion dans le collège de mon fils. J’ai alors rejoins le comité de soutien qui s’était constitué pour protéger cette famille et qui avait déjà entamé un certain nombre d’actions. Le père a par la suite été régularisé.
Face aux mentalités qui veulent circonscrire les problèmes à la frontière, pas seulement de la nation, mais à la frontière de ce que l’on veut bien voir, face à la loi lorsqu’elle est inique, dire non, soudain, parce que nous savons que ce n’est pas légitime, que cela ne peut pas s’inscrire dans la loi universelle, devient nécessaire. C’est là entendre au fond de nous ce qui nous révolte, c’est dire non à l’indigne, à l’inhumain quelque soit la forme que cela prend, de manière parfois insidieuse, dans le détail même, dans un seul mot prononcé.
On sait la tentative de ringardiser ces luttes contre l’inhumanité par ceux qui prônent la « modernité », qui prennent le prétexte d’une soi-disante modernité pour mieux saper ce pourquoi des hommes et des femmes se sont battus des siècles et des siècles, au fil des générations sans jamais désarmer, pour une justice universelle, pour une égalité inaliénable, pour une fraternité seule garante de préserver la liberté pour tous, pour chacun. Or qui est du côté de la ringardise si ce n’est ceux qui établissent des murs pour rejeter l’autre, le sans-papier, le juif, le noir, le pauvre, la femme, le palestinien, ou simplement celui qui n’est pas là où on l’attend, qui ne fait pas l’effort d’être dans la norme, entendez une certaine représentation dominante de la normalité. Partout dans le monde, nous constatons pourtant, de plus en plus, un mouvement vers l’autre, en témoignent toutes ces résistances locales, celles qui veulent faire reconnaître les minorités, sans revendiquer des communautarismes, qui refusent de se conformer à un cadre de pensée dominant mais au contraire veulent s’inscrire dans un cadre plus universel, humaniste, républicain.
Preuve en est encore aujourd’hui qu’il n’y a jamais rien d’acquis, le chemin est long, et il nous demande à tous du courage alors il faut bien vous remercier, vous rendre hommage, vous tous qui faites partie du collectif RESF car vous êtes parmi les Justes aujourd’hui en France, sachez que vous êtes, déjà pour beaucoup et vous devez l’être pour d’autres, des exemples grâce à votre courage, votre pugnacité, votre humanité. Voilà ce que j’avais envie de vous dire, en vous voyant si nombreux lors de cette soirée du 11 avril. L’histoire saura reconnaître que vous êtes les nouveaux résistants. Vous êtes donc, vous, les Modernes. Continuez, continuons la lutte !

R.H.