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Destruction des « jungles » : un déni d’humanité ! La L.D.H. révoltée par un tel mépris de l’Homme

lundi 28 septembre 2009

Le démantèlement de la « jungle » de Calais, annoncé à grand renfort de trompes par le Ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, Eric Besson, a bien eu lieu ce 22 septembre.

Comme toutes les autres associations de défense des migrants, la Ligue des droits de l’Homme condamne fermement cette initiative. Des militants, qui se sont rendus sur place pour témoigner, ont qualifié l’opération de « brutale et violente », notamment à l’encontre de jeunes mineurs déjà psychologiquement et affectivement très éprouvés. Selon la Préfecture du Pas-de-Calais, 278 migrants dont 132 mineurs auraient été interpellés et n’auraient pas opposé de résistance. Mais beaucoup étaient en pleurs. En fait, la plupart – ils étaient encore plusieurs centaines en août – avaient déserté les lieux après les annonces répétées de la destruction de leurs campements par le ministre. Celui-ci peut bien aujourd’hui bomber le torse, « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire »…

Nicolas Sarkozy, avant lui, avait fait abattre le hangar de la Croix Rouge à Sangatte : spectaculaire mais peu glorieux et surtout totalement inefficace, comme la suite l’a prouvé conformément à ce que les associations avaient expliqué à l’époque.

Aujourd’hui, comble de l’absurdité, Monsieur Besson a « fermé la jungle » (sic). Fermer un espace ouvert : situation on ne peut plus ubuesque ! Une décision justifiée à ses yeux par la nécessité de restaurer l’Etat de droit. Mais les droits des migrants, qu’en fait-on ?

« Insalubres », les jungles ? Sans doute, mais à qui la faute et pourquoi avoir fait la sourde oreille aux demandes répétées des associations, dont la LDH bien sûr.

« Zone de non-droit », les jungles ? Peut-être aux yeux d’un ministre qui dit vouloir s’attaquer à la mafia des passeurs. Mais, si l’on considère la situation des migrants au regard de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme, il s’agit de havres misérables certes, mais de havres tout de même pour des malheureux qui cherchent simplement à fuir la guerre, la répression et la mort et qui n’ont souvent qu’un souhait, celui de passer en Angleterre. Et détruire les campements où les militants pouvaient apporter un soutien à ces migrants, c’est de fait les renvoyer un peu plus encore dans la clandestinité et donc laisser la voie libre aux passeurs.

Depuis des années, la Ligue des droits de l’Homme n’a cessé de dénoncer avec force qu’à la détresse dans laquelle les migrants sont plongés le Gouvernement n’ait toujours apporté qu’une réponse répressive et policière alors que la situation nécessite une véritable prise en charge politique, non seulement au niveau de la France mais aussi à celui de l’Europe, une prise en charge qui respecte les droits de l’Homme et la dignité inhérente à tout être humain.

Depuis des années la LDH interpelle sans succès Gouvernement, responsables politiques et élus. Ce qui se passe aujourd’hui avec la destruction des « jungles » ne peut que heurter profondément la conscience de tous les démocrates et de tous les citoyens respectueux des droits de l’Homme.

La politique inhumaine qui est menée appelle une riposte massive, organisée et structurée. C’est pourquoi la LDH lance au plan national une vaste campagne unitaire « Urgence pour la défense des libertés ». Il importe qu’ensemble nous tentions de mettre un terme à cette politique honteuse qui bafoue les droits de l’Homme et déshonore notre pays.

Communiqué de la délégation régionale Nord Pas de Calais de la LDH
22 septembre 2009