Accueil > Discriminations > L’évaporation de l’esprit républicain à l’annonce de l’assouplissement de (...)

L’évaporation de l’esprit républicain à l’annonce de l’assouplissement de la carte scolaire

vendredi 4 janvier 2008

En Juillet 2007, parmi les premières mesures prises par le gouvernement de Nicolas Sarkozy, il en est une qui n’est pas passée inaperçue dans le monde de l’éducation, celle de l’assouplissement des procédures de dérogation.
Niant ainsi et immédiatement un engagement pris par l’Etat de maintenir les moyens à un niveau constant jusqu’en 2010, il y a donc eu par voie de conséquence la fermeture de divisions majoritairement dans les ZEP, et des ouvertures de division majoritairement en dehors des zones sensibles.
A l’occasion du débat sur les enjeux de la sectorisation organisés conjointement par la FCPE et la LDH le 8 décembre dernier à l’auditorium de l’Hotel de ville de Paris, Sylvain Broccolichi, chercheur associé au Laboratoire de sociologie de l’éducation (CNRS-Université Paris V) a pu apporté des éléments d’analyse à la suite de son étude menée sur les inégalités de réussite scolaire en fonction des territoires : ce sont les départements en densité urbaine plus importante avec des disparités fortes entres les établissements qui réussissent moins bien que les départements moins urbanisés et plus homogènes. On attendrait de l’Ile de France de par sa population plus favorisée socialement et un accès facilité à la culture qu’elle réussisse mieux or c’est l’inverse qui se produit. Sylvain Broccolichi explique cela par les conséquences catastrophiques qu’entraînent les stratégies d’évitement des établissements les moins bien réputés, naturellement toujours présentes et bien entendu aggravées par l’assouplissement de la carte scolaire. Il constate que ce sont les établissements qui réussissent à stabiliser les équipes pédagogiques, qui assurent une qualité continue du projet pédagogique, qui savent instaurer un climat de confiance qui réussissent le mieux mais ces situations sont fragiles car sans arrêt sous la pression des disparités existant à l’entour. Ainsi l’assouplissement de la carte scolaire est la pire des solutions républicaines au problème de l’inégalité des chances dans la mesure où elle permet à quelques parents d’être rassurés mais au prix très élevé de la stigmatisation de certains établissements favorisant dans le même temps la ghettoïsation des territoires, le sentiment d’injustice et de défaitisme chez les jeunes de ces quartiers. L’Etat doit au contraire assurer l’égalité de traitement et des moyens mis à disposition de tous les établissements d’éducation laïque, il doit combattre avec la plus grande fermeté toute forme de jugement négatif qui est dû bien souvent à des phénomènes de rumeur circulant dans les réseaux de parents, parents qui sous le prétexte de vouloir le meilleur pour leur enfant peuvent prendre des décisions qui vont parfois à l’encontre même de son intérêt. Il faut savoir raison garder et maintenir fermement les principes d’égalité – ce qui est le premier service qu’on rend à son enfant – mais cela sous-entend que les budgets qui assurent le fonctionnement de l’ensemble de ces établissements soient satisfaisants ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui tant en terme de personnel que de fonds financiers alloués.
On comprend bien la stratégie – si tant est qu’on peut la qualifier de stratégie – désormais bien connue d’un gouvernement qui ne vise qu’à pouvoir dédouaner l’Etat de ses responsabilités pourtant nécessaires dès lors qu’il se qualifie de républicain et démocratique, c’est-à-dire celles qui doivent assurer l’égalité des chances pour tous. Nicolas Sarkozy attaque là comme ailleurs le principe de la solidarité collective et tente d’enfermer un peu plus chaque Français dans sa propre responsabilité individuelle.

Par un membre de la section LDH Paris 14/6