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Voulons-nous d’une Europe aussi repressive que la France ?

samedi 8 mars 2008

Avez-vous entendu parler de la directive européenne dite « Retours » qui va définir une politique commune de l’immigration applicable à l’ensemble de ses états membres de la Communauté Européenne ?

Le vote de cette directive qui devait avoir lieu en session plénière à Strasbourg en Janvier de cette année a été repoussé à la semaine du 19 Mai. Le conseil a très mal accueilli le projet jugé trop laxiste, nous informe une député Européenne.

Et pourtant son volet répressif est déjà inacceptable au regard des droits fondamentaux, en particulier la durée de rétention maximale prévue peut atteindre 18 mois. Cette rétention dite administrative s’assimile à une peine infligée à ceux qui n’ont d’autres torts que de vouloir échapper à leur misère. A cela s’ajoute une durée d’interdiction de réadmission maximale de 5 ans. Pourquoi des durées si longues et si sévères ?

On savait l’Europe frileuse à établir un véritable programme social, la voilà désormais avec la ferme volonté de se protéger telle une forteresse contre toutes les misères qui auraient le mauvais goût de venir frapper à la porte d’un Empire dont les dirigeants ne se préoccupent,semble-t-il, que de sa bonne santé économique. On savait la science économique être une science humaine, on savait que certains gouvernements orientent leurs choix politiques afin que seule la partie de l’humanité qui en profite déjà puisse continuer à en profiter. Et bien désormais l’Europe, qui acquiert peu à peu sa légitimité dans le concert des nations, se dotant des pouvoirs constitutionnels et législatifs, est en passe de rejoindre le clan des gouvernements riches, autoritaires et sécuritaires. S’agirait-il là de l’influence désastreuse de la politique répressive inhumaine conduite en France par un président ignorant délibéremment les droits de l’homme dans son pays et d’un zélé ministre de l’immigration tout occupé à tenir ses objectifs de quotas d’expulsion ?

Porter à 18 mois, la durée de rétention qui ne doit servir qu’à accomplir les formalités de retour est tout simplement inacceptable et inflige, avec la durée d’interdiction de réadmission, à celui qui est refoulé une tripe pleine. Il est bel et bien dès lors condamné lourdement. Cette extension terrifiante d’une politique d’immigration honteuse en France à toute l’Europe démontrerait qu’il n’y a au Conseil aucun chef d’état ou de gouvernement capable de modérer les ardeurs xénophobes de certains de ses membres qui entendent mettre de l’ordre comme au temps du colonialisme en se gardant la liberté de choisir ceux parmi les plus pauvres qui leur seraient bien utiles.
Si cette directive était votée en l’état au mois de mai, ce serait nous infliger une double peine, de voir ainsi étendue la xénophobie d’Etat à celle d’une Europe dont nous devons encore espérer qu’elle prenne, à contre-courant de cette directive, sa pleine responsabilité dans le monde, celle de peser pour un plus grand partage des richesses, pour une solidarité et une coopération internationale dont la planète et l’ensemble de ses peuples, y compris Européens, ont tant besoin.

Richard Houdebert