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La colère face à une politique indigne

samedi 8 mars 2008

Le 8 février dernier, la secrétaire d’Etat chargée des affaires étrangères et des droits de l’homme, Rama Yade compare, sans rire, les critiques contre le chef de l’Etat à une « véritable chasse à l’homme ». Tout psychologue averti ne peut manquer d’y voir un mot d’esprit, grotesque, énorme, qui nous saute à nous tous Français avertis, informés de ce qui se passe actuellement dans notre pays, et en particulier de ce traitement indigne réservé aux Sans-papiers, à la figure.
Mais ce n’est pas le rire qui nous étreint en la circonstance tant le propos est absurde et révoltant mais la colère devant tant de déni, de manque d’humanité et de conscience.
Les violences policières sans cesse plus brutales, répondant à celle des préfectures, font monter les colères grandissantes à l’intérieur et à l’extérieur de nos frontières, le ressentiment devant les sinistres exemples - pour ne citer que les plus récents – de la descente au foyer des Terres-au-curé dans le 13eme arrondissement, le 12 février ou encore des menaces et intimidations faites aux passagers du vol Paris-Casa du 27 février lors de l’expulsion de deux Maliens.
C’est la terreur qui s’installe désormais en même temps que le droit est attaqué. Qu’on se le dise, la modernité de l’Etat consiste à mettre un coup de pied dans la fourmilière de tous ces « autres » qui embarrassent les gens de biens. La politique décomplexée, c’est bien cela : montrer du doigt, le voyou, le délinquant, le fraudeur, l’assassin derrière tous ces étrangers (même français) devenus trop pauvres, trop malades, trop rebelles pour être honnêtes, ça doit être dans leur nature. Enfermons-les , neutralisons-les, expulsons-les, qu’on n’en parle plus !
De plus en plus nombreux sont ceux qui ne peuvent plus supporter un tel gâchis, un tel manque de respect envers tous les hommes et les femmes du monde, et donc envers les Français qui n’en déplaisent à leur Président, savent très bien ce que veut dire « se lever tôt », savent très bien se retrousser les manches et veulent d’une autre modernité, une véritable modernité qui respecte la république de Droit, les institutions qui protègent le citoyen. N’en déplaise à Nicolas Sarkozy, la France n’a pas à puiser dans ses racines chrétiennes pour se trouver, mais dans celles qui l’ont amenée avant les autres nations à devenir celle des droits de l’homme mais cela, c’était du temps où elle savait se montrer moderne. Elle ne l’est plus aujourd’hui à l’heure où désormais elle s’apprête à condamner à titre préventif, à l’heure où elle demande à restreindre la solidarité envers les malades à ces seuls malades, à l’heure où elle porte atteinte à la dignité des ressortissants étrangers et les acculent dans des situations personnelles dramatiques, à l’heure où elle pratique la confusion des genres : vie et opinions privées du plus haut représentant de l’Etat confondues avec la retenue et la responsabilité qu’exigent de lui sa fonction (la première d’entre elles étant de rassembler et non de diviser), aujourd’hui la France traverse bel et bien une période sombre, n’en déplaisent à tous les zélés, fascinés par leur Président, et à Nicolas Sarkozy lui-même qui se sentent sans doute portés par un vent dit civilisateur dont ceux qui ne tournent pas le dos à la culture et à l’histoire connaissent, hélas, déjà l’air.

R.H.