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Rencontre avec le Mouvement des Sans Terre

samedi 31 janvier 2009

Compte-rendu de la réunion de section Paris 14/6 du 16 décembre 2008

Exceptionnellement cette réunion avait lieu sous la forme d’une projection du film « Sans Terre » de Bérangère JANNELLE et Stéphane PAUVRET au cinéma « Le Lucernaire » Paris 6ème.
Une quarantaine de spectateurs ont pu apprécier ce documentaire témoignant des combats et de la vie quotidienne des habitants les plus pauvres du Brésil.
À la fin de la projection, Douglas Estevam, comédien, membre du mouvement des « Sans Terre » et acteur principal du film où il joue son propre rôle d’animateur d’une petite troupe d’amateurs montant un spectacle de théâtre, expliquait les grandes lignes du Mouvement des Sans Terre et répondait aux questions.

Le Mouvement des Sans Terre a été crée en 1984 (avant la présidence de Lula et son projet de réforme agraire), il est toujours resté indépendant des partis politiques. Se chargeant de récupérer des terres, des exploitations agricoles abandonnées, il y installe légalement de petites communautés autonomes. D’autres communautés se créent sur des terrains non autorisés et construisent des baraquements en attendant leur régularisation.
Ces communautés sont organisées en différents groupes chargés de la nourriture, de la culture et de l’éducation avec à leur tête deux responsables (un homme, une femme) qui assurent la coordination.
Une grande importance est donnée aux projets éducatifs afin que les jeunes cessent de déserter les campagnes pour partir « en ville » où la misère et le chômage les attendent. Des partenariats professionnels se mettent en place avec des pays voisins (Vénézuela, Cuba) où des Universités proposent à ces jeunes des formations de professeurs, de médecins ou d’ingénieurs agronomes afin de développer la qualité de vie dans ces communautés rurales.
La culture joue un rôle important et nombreux sont les petits orchestres, troupes de théâtre, écoles de danse et ateliers de peinture et d’écriture.
 Des relations s’établissent avec le mouvement Zapatiste, et les autres « Sans Terre » des pays voisins mais il n’y a pas encore de projets communs.
 25 ans après le début de ce mouvement on constate que maintenant de nombreux jeunes restent et travaillent dans les communautés ; mais aussi, revenant des bidonvilles, des anciens paysans retournent à la terre. Et d’autres paysans travaillant les champs de grands propriétaires pour un salaire de misère, choisissent de rejoindre les « Sans Terre ».
 Le bilan est plutôt positif même si l’occupation des terres jusqu’à la régularisation est un cheminement long et compliqué en raison du poids de la bureaucratie. D’autant qu’avant la présidence de Lula, un décret établissait que les terres « occupées » ne bénéficieraient pas de la Réforme Agraire. Cela change peu à peu mais reste difficile. Les terres inexploitées sont elles, visées directement par la Réforme Agraire, mais il est nécessaire d’y créer les infrastructures, routes, écoles, dispensaires, qui permettront aux paysans d’y vivre et d’en vivre tout en développant une économie écologique. D’où l’importance des projets de partenariats avec les Universités et les écoles d’agriculture.
C’est un projet à très long terme qui commence à servir de modèle dans d’autres pays.