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Les conséquences dramatiques de la realpolitik

vendredi 4 janvier 2008

Il est indéniable que les ressorts de la politique du nouveau Président de la République sont une succession de coups le plus souvent médiatiques afin de rafler la mise, pourrait-on dire, à savoir l’assentiment de la masse de qui l’on attendrait une évidente adhésion à ce qu’on lui servirait comme du bon sens commun et populaire. Nous avons donc affaire à une politique plus tactique que stratégique adepte de la solution qui rapporte – au sens d’un retour rapide sur investissement – et donc définitivement perdue à la cause de la continuité et de la vision.
Ce n’est pas tant que Nicolas Sarkozy serve au peuple Français des mesures, des annonces, des discours qui s’inscrivent dans une démarche de rupture permanente dès lors qu’elle est opportuniste, c’est bien plutôt qu’il faillit à son rôle de chef d’Etat dont on attend nécessairement une vision et une continuité. Evidemment cela suppose une certaine interprétation du sens de l’histoire, de l’avenir du monde, des solutions apportées en guise de politique dont on ne dit pas assez qu’elle a pour but non la protection de la société mais celle de l’homme en son sein, entendez tous les hommes. Cela suppose que l’homme d’Etat sache s’inscrire dans l’héritage d’une communauté non sans la remettre en question, l’interroger mais avant tout la comprendre. La France n’a pas pour héritage une vision anglo-saxonne par exemple des droits sociaux, la France a porté plusieurs révolutions, elle a versé son sang, celui de son peuple pour abattre les privilèges d’une classe, le pouvoir arbitraire d’un monarque élu de Dieu, elle a travaillé, souffert pour que la dignité et le respect des droits fondamentaux de l’homme soit sans cesse rehaussée, montrant ainsi l’exemple hors de ces frontières, défiant les pouvoirs autoritaires, démontrant qu’une autre voie était possible. Bien sûr la France ne porte pas seule ce combat mais elle fait partie de ces nations qui, à certains moments de l’histoire, ont été un guide pour les autres en matière de lutte pour la préservation de la dignité et contre les inégalités sociales. On ne peut donc que ressentir plus de rage aujourd’hui à voir ainsi ces droits à la dignité foulés aux pieds par des gouvernants cyniques. Car Nicolas Sarkozy est bien aujourd’hui en rupture avec ce qui fait la culture, l’esprit de la France et dans un élan décomplexé balayer d’un revers de l’épaule ce qui fait son honneur. Rencontrer et faire honneur visiblement à ceux parmi les chefs d’état qui pratiquent la repression envers toute forme d’opposition, Hu Jintao, Muammar Al-Kadhafi, Vladimir Poutine, avoir félicité ce dernier pour des élections dont il était de notoriété publique qu’elles n’étaient pas démocratiques, c’est trahir la cause douloureuse de ceux qui luttent à armes inégales pour le respect des droits de l’homme dans leur pays, c’est entamer durablement la capacité de progression de tous ces états vers la démocratie, c’est enfin porter un coup au notre d’état. Au G8, en juin dernier, le chef de l’état Français avait dit qu’il ne transigerait plus avec le respect des droits de l’homme. Quelle mascarade donc, quelle logique d’état si ce n’est de la rendre visible autant qu’elle est creuse. Avec un budget réservé à la coopération quasi-inexistant, le ministère de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du codéveloppement ne peut prétendre à un quelconque codéveloppement. Nicolas Sarkozy ne prend donc aucune responsabilité internationale sauf à adopter la posture qui consiste à caresser dans le sens du poil les plus forts au nom d’une realpolitik, terme effectivement politiquement correct qui cache un opportunisme dévastateur en ce qu’il porte comme signes. L’agitation politique en lieu et place d’une véritable réflexion précédant l’action qui aurait une chance alors de faire sens, voilà ce qu’il nous est donné de voir et nous pourrions en rire, si elle ne plongeait pas aujourd’hui même certains, nombreux, d’entre nous – nous tous, entendez le peuple de la terre et non du seul territoire Français – dans des situations dramatiques.

Richard Houdebert, section LDH Paris 14/6