Crise du logement : conséquence d’un choix de société
Quand on sait que 3,8 millions de personnes souffrent de mal-logement ou d’absence de logement personnel,
Quand on sait que 1,6 million de personnes demandent un logement social, dont 400 000 en Ile-de-France,
Quand on sait que l’attente moyenne est de 3,6 années pour la France entière et de 7,4 années en Ile-de-France et de 12,8 années à Paris,
Quand on sait que plus le logement social demandé est petit, plus l’attente moyenne est longue (6,4 ans en France et 12,4 ans en Ile-de-France pour un T1),
Quand on sait que 70 % des demandeurs sont des personnes seules ou des couples, qui font des demandes pour des petites surfaces,
Quand on sait que les attributions ne concernent que les demandeurs solvables, c’est-à-dire ceux dont le paiement du loyer leur laisse un reste à vivre considéré comme suffisant par les propriétaires de ces « habitations à loyers modérés »,
Quand on sait que le droit au recours pour obtenir un relogement instauré en 2007 (droit au logement opposable) est de plus en plus exercé par les victimes du mal-logement, mais que, dans les faits, on constate que ce droit n’est pas respecté : ainsi, en mars 2016, on dénombrait 59 502 personnes reconnues bénéficiaires du droit au logement (Dalo), dont 44 013 en Ile-de-France, qui ne sont toujours pas relogées,
Quand on sait que depuis 2008 de plus en plus de locataires ont des difficultés à payer leur loyer, dues à son augmentation, dans le parc privé comme dans le parc social,
Quand on sait que cela a pour conséquence une forte augmentation des décisions judiciaires d’expulsion : 132 196 en 2015, dont 14 363 obtenues par intervention des forces de l’ordre, soit un bond de 24 % par rapport aux années précédentes,
Quand on sait que des habitats de fortune, des bidonvilles, des bâtiments ou édifices menaçant ruine contraignent des centaines de milliers de personnes à vivre dans l’indignité, que plus de 600 000 logements en France, dont 170 000 en Ile-de-France, sont potentiellement indignes, privés de confort ou insalubres, sans que les propriétaires de ces taudis soient pour autant poursuivis et condamnés,
Quand on sait que le dispositif d’hébergement assumé par l’Etat est complètement saturé, à la fois par l’augmentation des demandes mais aussi par l’impossibilité d’en sortir vu le manque de logements sociaux, que les maires refusent souvent de construire, sans que l’Etat leur en impose l’obligation,
Quand on sait que l’Etat continue à privilégier l’accès à la propriété pour les classes moyennes confrontées à la hausse des loyers du parc privé, plutôt que la production d’un parc locatif socialisé,
Quand on sait que cette politique patrimoniale contribue à la hausse des prix dans un marché non régulé, de plus en plus spéculatif, et stérilise ainsi « dans la pierre » plus de 14 % du PIB, un capital désormais improductif qui aurait pu être mieux utilisé,
Quand on sait tout cela, on ne peut plus accepter que la propriété soit un choix de société qui accroît l’endettement des ménages, condamne au mal-logement et à la rue des millions de personnes.
Une autre politique du logement qui n’oublie personne est possible. Elle a besoin de la mobilisation des citoyens pour voir le jour. Sans la mobilisation du corps social, le droit au logement, inscrit dans la loi, restera lettre morte demain comme aujourd’hui.
Citoyens qui serez demain appelés aux urnes, ayez conscience de la gravité de la situation du logement ! Faites-le savoir aux candidats qui se présenteront !